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La Cité Blanche

La Cité Blanche

Philosophie d'une civilisation

Le taré du piano

Publié par Louis-Marie sur 5 Septembre 2014, 22:40pm

Catégories : #Art et culture

Glenn Gould

Glenn Gould

Glenn Gould, l'interprète

Cette vidéo nous montre Glenn Gould, le célèbre pianiste canadien dans l'intimité de son travail. Disons-le tout de suite, c'est un malade. Complètement taré ! Plus précisément autiste "asperger" (les autistes surdoués). Glenn Gould préférait le téléphone à la conversation réelle et le studio à la salle de concert. Il pensait que Mozart aurait dû mourir plus tôt (pas de Requiem !) il mangeait toujours le même plat, rapportait toujours la même chaise à tous ces concerts (extrêmement basse : il jouait ainsi, très bas, jusqu'à "renifler" les touches). Encore, sur cette vidéo, il est assez jeune : l'âge ne l'a pas arrangé.

Aussi, je ne le présenterai pas en modèle d'artiste. Cependant, Glenn Gould reste un génie, à son niveau. Non pas un artiste complet, mais un génie quand même, dans l'interprétation de Bach, dont il nous restitue l'infinie subtilité par son jeu nerveux et impeccable. 

L'avantage de Glenn Gould, c'est qu'il extériorise beaucoup, et qu'il nous laisse voir comment ça se passe dans sa tête et dans son coeur. Il chante, il marmonne : on sent la musique passer à travers tous les pores de sa peau, comme une passoire qui ne parvient pas à retenir son eau. Si cette manière qu'il avait de chanter donnait beaucoup de difficultés aux studios d'enregistrement, elle nous donne un aperçu de la puissance de la musique sur quelqu'un qui se laisse envahir par elle. On le voit travailler, complètement pris par son morceau, repasser une phrase, s'arrêter brusquement, se lever et chanter avec fébrilité le passage qu'il veut s'approprier...

Bach, le compositeur

Bach, c'est une musique qui en met plein la bouche. Il a porté à son sommet la musique dans une époque où elle était encore pensée comme une superposition de voix (le contrepoint) et non comme une succession d'accords plaqués pour accompagner une mélodie. Une musique dans laquelle chaque voix a sa direction, chaque note sa signification précise et sa place définie. Une musique remplie de subtilité, d'ondulation, de superposition de rythmes qui, au coeur attentif, ne laissent aucune place au vide ni à la frustration. 

Mais la différence entre Bach et Glenn Gould (outre le fait que l'un est compositeur et l'autre simplement interprète), c'est que le premier jouait et composait dans une maison remplie d'enfants, tandis que le second semblait tout ignorer de la société humaine. 

Humanité et musique

Aussi, on peut se demander si cette manière de se laisser complètement imbiber par la perfection d'un oeuvre est le meilleur moyen de la saisir. Cette fébrilité, cette impatience de voler la perfection d'une oeuvre autre, nous prive du détachement inévitable qui est celui du véritable créateur. Glenn Gould est un génie, mais il n'est pas, au sens profond et complet du terme, un "bon" interprète, parce qu'il n'est pas assez humain. C'est là que quelqu'un comme Samson François le dépasse, par son charme et son humanité, malgré ses faiblesses et ses excès. Paradoxalement, ce dernier extériorisait très peu en jouant. Non seulement il ne chantait pas, mais il restait impassible et grave de visage. Ses mains en revanche, caressaient le piano avec une décontraction très éloignée de la mécanique enivrante et maniaque de Gould qui "veut" chaque note, à très grande vitesse et dans une parfaite précision. 

On pourrait en parler longtemps... Mais bon ! Profitons plutôt.

Dans l'atelier intime d'un interprète génial

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