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La Cité Blanche

La Cité Blanche

Philosophie d'une civilisation

Le pouvoir sacré des mots

Publié par Louis-Marie sur 15 Décembre 2017, 01:13am

Catégories : #Philosophie

Les mots : coffres, ou clefs ?

Les mots : coffres, ou clefs ?

En écoutant la chanson de Barbara : "Je ne sais pas le dire", j'ai repensé à cette réflexion ancienne que les mots sont magiques, et que la privation des mots est une souffrance et une pauvreté.

Connaître, c'est posséder. Mais si c'est par les mots que nous connaissons les choses, que dire de celui qui connaît le bon mot ? Le mot qui dit vraiment la chose que l'on cherche ?

Le mot est la clef de la chose. Le tout est de trouver le bon, et toute la difficulté se trouve dans le mot "bon". Sans jeu de mot.

Je ne parle pas du Bien, je parle "du bon". Quand on dit "C'est le bon", on parle de quelque chose ou de quelqu'un qui est à sa place, que nul ne peut remplacer en cet endroit précis.

Cela veut dire que la justesse d'un mot dépend de son contexte, de son emplacement, et du temps où il est dit. Car le mot n'est pas un coffre, mais une clef : il ne s'agit pas seulement de trouver le bon, il s'agit aussi de la mettre dans la bonne serrure, et de la tourner dans le bon sens. Voilà le "bon mot" : c'est aussi celui qui est bien dit.

Mais telle n'est pas notre coutume à nous, si sujet à cette détestable habitude de considérer les mots comme des boîtes, et non comme des clefs.

Les mots ne sont pas des coffres : ils n'enferment pas les choses. Et pourtant ce sont eux qui nous permettent de connaître les choses, et donc de les posséder. Les mots sont "magiques", parce qu'ils ont presque un effet sur le monde, sur notre accès aux choses. Les mots ouvrent des portes, comme des sésames. Aussi les contes de fée qui nous parlent de formules magiques n'ont pas tout à fait tort, comme le notait déjà Chesterton dans Orthodoxie. Les formules magiques ne portent leur effet qu'à des conditions bien précises et souvent mystérieuses. Les fan de Harry Potter se souvienne du "Wingardium Leviôsa", que l'on doit bien accentuer sur le "O". Si c'est absurde (car la magie est toujours absurde), il n'en reste pas moins que le monde des mots justes se comporte souvent selon des codes qui vont bien au-delà des mots, précisément, et qui regardent le monde du temps, de la forme, de l'art et de la manière.

"Mais comment peut-on posséder une chose sans l'enfermer !?", se scandalisera l'homme moderne, lequel, refusant de croire que les mots nous permettent de posséder quoique ce soit, il les délaissera pour se tourner vers les chiffres. Mais dans l'univers des chiffres, on ne connaît et ne possède que des coffres ; jamais ne nous permettent-ils de les ouvrir, pour voir ce qui se trouve à l'intérieur.

Non seulement les mots nous font connaître les choses mais, ce faisant, ils nous enseignent aussi un autre mode de possession, mystérieux, qui ne consomme pas, qui n'enferme pas, qui n'exclut pas.

Les mots nous apprennent cette réalité sacrée que nous pouvons posséder, non pas en prenant, mais en donnant. Parce qu'un mot est un son sorti de notre bouche, et communiqué à quelqu'un. Le mot exprime, va vers le dehors, et atteint notre semblable. Et pourtant, c'est lui qui nous permet à nous-même de comprendre les choses, c'est-à-dire à la fois de les faire nôtres, de leur donner une vie et un sens.

Aussi les mots sont-ils liés aux réalités de l'amour et du divin. Et ce n'est pas pour rien que l'on parle du Verbe divin, image du Principe, expression parfaite de sa nature divine, ce Verbe dont le nom est "Sauveur" : Jésus, ou "Dieu avec nous" : Emmanuel. Son nom, c'est le don, c'est celui qui "vient avec", celui qui fait le salut, le bonheur, la joie. C'est le nom de quelqu'un, d'une personne de chair et de sang.

Nous allons souhaiter son anniversaire dans dix jours : veillons à ne pas manquer de le Lui souhaiter.

 

 

 

 

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